PARRANDA LA CRUZ

Tambours et vents vénézuéliens [ Lyon, Rhône-Alpes ]

« Les membres du groupe sont tous de cultures différentes, Rebecca qui veut faire connaître un style méconnu, Margaux qui aime cette culture et la vit comme une identité rêvée et Luc et David qui partagent, grace au maloya, un certain héritage issu de l’esclavage, de la transe, du lien au feu et à la terre. On n’a pas le même bagage culturel mais on a le même langage, la musique, une musique qui s’est construite dans une ville très ouverte, Lyon, une musique qui porte en elle une philosophie universelle. C‘est une musique qui pleure les joies les plus grandes et qui sait faire rire des peines et des galères. Notre musique n’est pas une musique traditionnelle, c’est une musique de voyage. »

Formé en 2018 à Lyon, le groupe Parranda la Cruz, est le fruit de la rencontre de la vénézuelienne Rebecca Roger, de la française Margaux Delatour, passionnée de musiques latines et des deux percussionnistes réunionnais Luc Moindranzé et David Doris. Bien que de formation classique et baroque (elle interprète des ensalatas, pièces baroques métisses d’Amérique latine), Rebecca Roger, l’âme du groupe, se passionne pour les musiques du Barlovento, des rythmes perpétués par les descendants des esclaves venus du Congo et d’Angola. Son rêve est alors de faire connaître, à l’instar de la cumbia ou des musiques afro-cubaines, ce style trop méconnu rythmé par les culo e’ puya, le mina et surtout les quitiplás, petites percussions mystiques à base de bambous, fabriquées selon certains cycles de la lune. Jouées dans ce berceau du vent et du cacao, ces traditions musicales prennent un genre nouveau dans la région lyonnaise où elles se métissent au contact des rouleurs, tambours du maloya frappés par Luc Moindranzé et David Doris. Membres du collectif Tikaniki qui réunit à Lyon des musiciens autour du maloya, ces deux percussionnistes ignorent tout de la culture vénézuelienne, ne parlent pas espagnol et doivent s’initier aux chants, aux placement des voix et aux tempos très précis de cette musique. Mais ils partagent, par la culture du maloya, la dimension organique de cette musique (lien avec le feu, la terre, la transe) et l’utilisation des onomatopées. Les musiques du barlovento, musiques festives et ambulantes ont évolué avec les siècles et se sont métissées, integrant des congas, des cajons et des tambours proches des rouleurs comme les tambours fulia. Le groupe s’inscrit donc dans une évolution naturelle. Après une résidence de création et des tournées en 2019 et 2020 dans l’hexagone, il s’apprête à sortir en 2021 son premier album.

© Mathieu Villard